LA VILLE DANS TOUS SES ETATS

PEINDRE LA RUE le bitume, le macadam, l’odeur écoeurante du bitume frais, les déchets, les papiers, toutes sortes de papiers, les journaux, les papiers d’emballage jetés n’importe où dans le caniveau, , le caniveau sec, comme ces caniveaux profonds en Afrique, qui servent en même temps de tout à l’égout comme si l’égout fonctionnait, les caniveaux humides, où l’eau suinte ou court, le souvenir du balai de paille ou de jonc, quand le cantonnier passait dans les rues du bourg, la saleté, quand les immondices s’accumulent pour une grève quelconque, la grève qui ramène avec le ressac les innombrables sacs plastiques aux 4 coins de la terre, la solitude de la rue, la rue déserte, inhospitalière, lieu de tous les sans logis, lieu de passage, de transit rapide pour ceux qui sont confortés par un chez-soi, un quant-à soi, la rue vide au soleil de midi, la rue mal éclairée la nuit, la rue bruyante et peu adaptée aux piétons, la rue agressive des voitures, les recoins et les renfoncements de la rue, seule potentialité pour ceux qui n’ont rien où aller, avec toutes leurs constructions éphémères, les constructions en cartons, en matelas, en tentes de mauvaise fortune, la rue qui résonne des pas la nuit, des talons ou de bottes, les bottes noires comme les chemises marrons, les arrestations, les chats et les rats,les égouts et le métro, rues du dessous, les néons et les phares, lumières jaunes ou blafardes. MD 2008

PEINDRE LA VILLE Les verticales qui s’enfoncent dans le sous-sol, deviennent racines, rocailles, matrices, qui se perdent dans le ciel, deviennent filaments, volutes insaisissables, qui se tordent sous l’effet du vent, de la pluie, de la pollution, équilibre instable au gré des catastrophes naturelles ou pas, lutte incessante entre l’infra et la superstructure, entre les fondements et la volatilité, entre le caché et le montré. Les horizontales pour dire une possible stabilité toujours remise en question. Les trames urbaines orthogonales, obliques, courbes ou vortex, réseaux organiques faits de rocs et de fluides, traces, rhizomes, et qui se superposent comme pour s’annuler, comme une superposition d’affiches, amoncellement, déchirement, et nouveau paysage, flou urbain qui vacille. Les paysages urbains, points de vue toujours instables, aux bribes vertes de nature recomposée, avec parfois un horizon vers un ailleurs incertain. Et les gens des villes, accrochés à la verticalité, les pieds sur une horizontalité de passage, traversés de réseaux, de trames, de fibres vibrantes, pris dans les trames urbaines et comme électrifiés; aux visages traversés de néons et d’éclats de façades. Organiques pris dans le minéral, certains luttent parfois, d’autres se rigidifient sur place, prennent racine, ou retrouvent leurs racines, « la possibilité d’une île ». MD juin 2009

  • 1. Veilleuses de nuit – technique mixte sur toile – 120/60
  • 2. La campagne à la ville- technique mixte sur toile – 120/60
  • 3. Le temps nous est compté – technique mixte sur toile – 120/60
  • 4. Buda – acrylique sur toile – 120/60
  • 5. Voyage au bout de la nuit -acrylique sur toile – 120/60
  • 6. Freyssinet – acrylique sur toile – 80/40
  • 7. Inconnu 1 – technique mixte sur toile – 60/60
  • 8. Inconnue 2 – technique mixte sur toile – 60/60
  • 9. Trottoirs – technique mixte sur toile – 60/60
  • 10. Fenêtre outremer – technique mixte sur bois – 60/60
  • 11. Rumeurs – technique mixte sur bois – 60/60
  • 12. Révolution – technique mixte sur bois – 60/60
  • 13. Boutique – acrylique sur toile – 55/46
  • 14. Périphérique – technique mixte sur toile – 60/60
  • 15. Insomnies – technique mixte sur toile – 60/60